Des créateurs et artisans au cœur de la redynamisation de l’économie locale

Marseille, septembre 2020 – Ils sont coutelier, designer, menuisier, ils travaillent le verre, le cuir, le métal… et ils ont un point commun : l’amour de leur métier, de la création et de la matière. Reconvertis par hasard, par vocation ou par passion, ils créent tous aujourd’hui dans les ateliers partagés d’ICI Marseille. Ils participent à la (re)valorisation de savoir-faire parfois ancestraux en faisant rimer patrimoine et modernité, ils flattent le « fabriqué en France » et participent, à leur échelle, à la redynamisation de l’économie locale. Zoom sur ces artisans passionnés aux savoir-faire exceptionnels que rien n’arrête…pas même un Covid-19.

 

 

Léa Laborie, menuisière

 

En 2015, après un début de formation en factures d’orgues à Altkirch (Alsace), Léa décide de revenir à un travail plus « classique » du bois et suit, pour cela, un apprentissage en menuiserie agencement à Marseille. Pendant son cursus, elle travaille pour différentes entreprises et constate le gaspillage fait dans l’industrie du bois. C’est ainsi qu’en février 2020, Léa lance son entreprise de création d’objets à partir de chutes de bois (récupération de chantiers achevés ou bois locaux coupés par son frère élagueur) : cuillères, plateaux, soliflores, vide-poches, etc.

 

Léa avait déjà travaillé dans les ateliers d’ICI Marseille avec un ami, c’est ainsi tout naturellement que la jeune menuisière de 22 ans s’est installée en juin dans le tiers-lieu. « Les différents savoir-faire et les nombreux artisans d’ICI Marseille m’apportent beaucoup, et c’est très précieux pour moi, surtout pour les débuts de ma petite entreprise. D’ailleurs, j’utilise beaucoup de chutes de bois des résidents pour mes créations ! » Léa Laborie

 

Le confinement ? Léa ne l’a pas tellement ressenti. Elle produisait encore et encore, agrandissait son stock de créations et répondait même à des commandes !

« Je pense que l’artisanat va rester quelque chose de fort, d’ancré dans les mœurs et les mentalités. Les gens aiment bien les choses simples, avoir un objet unique, qui a une histoire et une âme. Ça, je pense que ça va perdurer. »

 

     

 

Jean-Pierre Ambrosino, artisan forgeron d’art coutelier

 

Fils de forgeron, l’artisanat et l’amour de la matière, Jean-Pierre l’a dans le sang. Entré aux Compagnons du Devoir à 16 ans pour apprendre la ferronnerie, il se retrouve quatre ans plus tard à Strasbourg, pour refaire les serrures des cathédrales. Son avenir, il le voit ici, loin des quartiers Nord de Marseille où il a grandi. Que nenni, Jean-Pierre travaille beaucoup à l’étranger et profite de ses retours en France, chez lui à Allauch, pour créer ses couteaux.

Coup de chance, heureux hasard ou destin, « la Coutellerie du Panier » a vu le jour en 2013 après une balade entre amis, dans Marseille. Arrivé dans le quartier du Panier, là où sont nés les Ambrosino depuis trois générations, son ami demande « pourquoi tu n’ouvres pas ta boutique ici ? ». Jean-Pierre joue un coup de poker et répond que s’il lui trouve une boutique avant 18h, alors oui, il ouvrira sa boutique. A 17h l’endroit idéal était trouvé.

Aujourd’hui, Jean-Pierre a son magasin-atelier au cœur du quartier historique du Panier, dans la rue du même nom, et un atelier à ICI Marseille. Ces deux espaces lui permettent de pouvoir honorer toutes ses commandes.

 

« Lorsque je suis arrivé chez ICI Marseille, j’ai senti toute l’énergie que ce lieu pouvait m’apporter pour créer encore et respirer à nouveau. Je crois beaucoup aux énergies, aux éléments naturels, à tout ce que l’on porte en nous et qui se transmet. C’est ce que je cherchais et ce que j’ai trouvé chez ICI Marseille. » Jean-Pierre Ambrosino

 

C’est ainsi que chaque jour, avec son fils Raphaël (oui, l’artisanat est une véritable histoire de famille chez les Ambrosino), ils fabriquent des couteaux de A à Z.

 

Persuadé que de tout événement négatif ressort du positif, Jean-Pierre n’est pas inquiet pour la suite. D’ailleurs, cette crise lui donne encore plus d’énergie, d’idées, de projets : créer une gamme de couteaux de luxe, développer d’autres techniques (la découpe laser par exemple), se développer à l’international, etc. tout en allant démarcher encore plus de restaurants. « Je profite de ce calme et de cette pente descendante pour remonter encore plus haut. »

 

 

 

Aurore Bouter, artisane verrier

 

Ancienne communicante, Aurore se reconvertit à 30 ans dans l’artisanat d’art, et plus précisément dans le domaine du verre. Elle quitte ainsi Paris pour Moulins, où elle passe un CAP à l’Ecole Nationale du Verre. Après une première expérience en Bretagne, cette amoureuse de la mer choisira plutôt le climat doux de la Méditerranée.

Installée à Marseille depuis quelques mois, Aurore choisit de s’établir dans les ateliers d’ICI Marseille qui correspondent à ce qu’elle cherche : « le côté pluridisciplinaire et le fait d’être entourée sont des critères qui étaient très importants pour moi. C’est difficile d’être seule quand on est artisan, surtout quand on se lance ! Chez ICI Marseille, même si je suis la seule artisane verrier, je touche, comme tout le monde, à d’autres matériaux. Et donc avoir à mes côtés des artisans spécialisés dans d’autres savoir-faire que moi est très enrichissant. » Aurore Bouter

 

Aujourd’hui, le travail d’Aurore s’articule autour de la technique de cémentation (coloration à haute température du verre), initialement connue dans le vitrail, qu’elle souhaite adapter aux objets contemporains : luminaires, vaisselles, tableaux, etc. Passionnée par l’artisanat d’art, cette jeune artisane de 37 ans n’a rien perdu de son optimisme quant à ces métiers : « depuis le confinement, je ressens une sorte de volonté de redécouvrir un territoire, des savoir-faire locaux. L’artisanat d’art fait partie d’une vraie dynamique de territoire, d’un point de vue économique mais aussi social. Je pense qu’il y a une plus grande curiosité vis-à-vis de nos métiers mais aussi une envie de vouloir se démarquer, avoir des pièces uniques, sur-mesure, quelque chose de bien plus personnel. »

 

 

 

Emmanuel Simon, concepteur fabricant de matériel technique pour le cinéma

 

Emmanuel a grandi à Bagnolet, en région parisienne. Ce qu’il aime c’est apprendre, fabriquer, créer et pour cela il enchaînera pas moins de trois formations. Il commence par une formation de tournage-fraisage où il apprend la productique, l’usinage et la fabrication de pièces en métal. Il continuera ensuite, toujours en région parisienne, avec la mécanique moto pendant 3 ans avant de rejoindre des amis techniciens dans l’univers du cinéma pour être éclairagiste et machiniste. Il travaille quelques années comme cadreur freelance avant de quitter Paris pour rejoindre Marseille où il est sûr d’une chose : il veut travailler avec ses mains et non derrière l’écran d’un ordinateur, d’une caméra ou d’un appareil photo.

Emmanuel fonde ainsi Atelier Yuman : du matériel technique dédié au cinéma (chariots, supports, cadres, cubes, etc.) fait main.

 

C’est alors qu’il rencontre David Benhaïm, Directeur d’ICI Marseille, et n’a qu’une hâte : que le lieu ouvre ses portes. Installé depuis des mois dans les containers d’ICI Marseille, Emmanuel continue d’apprendre aux côtés des résidents (soudure, impression 3D, CNC, etc.). En véritable lieu d’apprentissage mais aussi de rencontre, Emmanuel travaille beaucoup avec un autre résident, Florent, qui lui vient en aide pour la partie conception.

 

« En étant proche du centre de Marseille, avec de la hauteur sous plafond, des espaces extérieurs et intérieurs aussi grands, autant de métiers différents dans un même espace… ça a été une véritable révélation, c’est là que je me voyais travailler. Il y a un effet collectif qui est vraiment positif, il y a une communauté, des amitiés, des conseils, des retours d’expérience. Et puis on se fait travailler les uns les autres, chacun a sa spécialité et on évolue ensemble. » Emmanuel Simon

 

S’il y a une chose positive que le confinement a apporté à Emmanuel c’est bien le temps. Le temps de prendre son temps, de prendre du recul sur son activité, son organisation, sa façon de travailler. Cela lui a permis de lever le pied, de ne pas toujours travailler dans le rush, « comme si le monde entier ralentissait, j’ai moi aussi ralenti. » (Emmanuel Simon).

 

 

 

*********************

Sur ICI Marseille :  Installée sur 3 500 m² au cœur du quartier des Fabriques, avec le soutien de Linkcity et Bouygues Immobilier, ICI MARSEILLE est une manufacture collaborative ouverte en octobre 2018 qui aide les artisans, et startups de la création à lancer et développer leur activité. Avec 10 ateliers partagés, des équipements professionnels, des services, des espaces de coworking et un écosystème facilitateur, ils peuvent créer, se former, se développer. Le tiers-lieu ICI MARSEILLE fait partie de Make ICI, première communauté de makers de France et premier réseau français d’ateliers partagés implantés dans les territoires pour les entrepreneurs du FAIRE : sur plus de 10 000 m2 à Montreuil, Marseille, Nantes, Paris, Aix-en-Provence et dans le Morvan, 350 artisans y créent chaque jour des produits « Fabriqués en France ».

https://makeici.org/icimarseille/

*********************

Contacts presse :

Clara Moreno – clara(at)morenoconseil(point)com

Dorothée Stumm – dorothee(at)morenoconseil(point)com

Share your thoughts