[TRIBUNE] Entreprises : de la nécessité de comprendre le coût global d’un paiement
Par Alexandra Chiaramonti, VP & General Manager EMEA de GoCardless
Quand on pense aux paiements inter-entreprises et aux coûts qu’ils peuvent engendrer, on pense instantanément aux frais de transaction et de fournisseur. Or, pour savoir ce que coûte réellement le fait de payer ou de se faire payer, il faut prendre en compte ce que l’on appelle le coût total de possession de ses paiements ou TCO (Total Cost of Ownership).
Gérer des paiements coûte bien plus cher qu’il n’y paraît à première vue. Pour savoir ce que coûte réellement un paiement, il faut additionner à la fois les charges liées à la gestion opérationnelle de ses paiements ainsi que celles liées à leur inefficacité. Une problématique dont les entreprises françaises feraient bien de se saisir rapidement si elles souhaitent se développer : selon une étude*, dans un contexte économique incertain, 83% des entreprises cherchent à augmenter leurs revenus et 81% à réduire leurs coûts.
Le coût réel de la gestion des paiements
Outre les frais de transaction et de fournisseur, la gestion des paiements regorge de nombreux coûts opérationnels permanents comme ceux liés à leur infrastructure de paiement, aux frais de développement et d’intégration, de maintenance technologique, de recrutement et de formation, de rapprochement manuel, de relances clients, de gestion des risques, ou encore de mise en conformité face à une réglementation toujours en mouvement.
Services, pays et modes de paiement influent sur le TCO
Et ces frais se multiplient selon la diversité du type de service proposé ou de facture émise. Ainsi, les modes de paiement diffèrent selon que l’on paie ou que l’on collecte des paiements pour des factures récurrentes ou ponctuelles, des abonnements traditionnels, des abonnements numériques, ou encore des acomptes. Ils se multiplient aussi à mesure où l’entreprise se développe à l’international. Si l’espace unique de paiement en euros (SEPA) de l’Union européenne a permis d’harmoniser et de faciliter les paiements transfrontaliers au sein de l’Europe, uniquement pour les paiements bancaires et paiements par prélèvement, ce n’est en effet pas le cas pour d’autres zones géographiques. Ainsi, si l’entreprise accepte des paiements en provenance d’autres pays, elle doit s’équiper du système de paiement bancaire direct correspondant pour les traiter, comme BACS au Royaume-Uni ou ACH aux Etats-Unis. Enfin, autre élément tendant à impacter le TCO pour les entreprises françaises, la popularité continue dans l’Hexagone des chèques et des espèces. Selon une enquête parue début 2023 sur les méthodes de paiement préférés des consommateurs français et des entreprises tricolores, 65% des entreprises françaises continuent de proposer le chèque comme un moyen de paiement standard**. Un moyen de paiement physique que l’on sait coûteux à traiter.
Le coût des inefficacités de paiement
Les inefficacités de paiement génèrent elles aussi des coûts cachés supplémentaires qui peuvent rogner les bénéfices et entraver la croissance de l’entreprise. Il s’agit ici des délais de transaction, des échecs ou retards de paiement, de la lutte contre la fraude et contre le churn clients qui peuvent tous augmenter le TCO. Le churn, ou taux d’attrition, entre en scène lorsqu’un échec de paiement entraîne la perte pure et simple de clients et donc la perte de revenus. Et ce taux dépend, lui aussi, du mode de paiement utilisé. Ainsi, pour les entreprises dont l’activité repose sur un système d’abonnement, et dont la carte bancaire est le mode de paiement le plus utilisé, des études montrent que 20 à 40 % des désabonnements ne seraient pas le fait de clients mécontents mais plutôt involontaires car dûs à une insuffisance de fonds ou à l’expiration d’une carte faisant échouer le paiement***.
On mesure à ce stade l’importance de se saisir d’une stratégie de paiement efficace. S’assurer de répondre aux préférences de paiement de ses clients, automatiser leur collecte, réduire le risque de fraude, pérenniser sa fonction paiement grâce à l’open banking et au machine learning, etc. les leviers pour y parvenir sont nombreux. Ils doivent être contextualisés en fonction du type d’entreprise, de sa taille, de son activité, de son internationalisation. C’est à la seule condition d’une approche sur-mesure et agile, que l’entreprise pourra obtenir des flux de trésorerie stables, pour alimenter une croissance rapide de son activité et de ses résultats.
Alexandra Chiaramonti est Directrice Générale Europe du Sud de la fintech GoCardless. Elle a pour mission de faciliter les paiements de compte à compte pour toute la région.
https://www.linkedin.com/in/alexchiaramonti/
*Etude GoCardless via Attest portant sur 500 dirigeants et/ou décideurs français. Etude réalisée en ligne en septembre 2022 et menée selon le même échantillon aux Etats-Unis, en Allemagne ainsi qu’au Royaume-Uni.
**Payer Experience Report 2023 – étude YouGov pour GoCardless à paraître en janvier 2023.
***Recherche sur le taux de désabonnement de l’Institut Zuora-Subscribed.
Cette tribune a été rédigée de manière exclusive pour Le Monde du Chiffre. Merci pour cette opportunité de prise de parole !