Les graveurs mexicains à l’honneur de la 21ème Biennale Internationale de la Gravure de Sarcelles

Sarcelles, septembre 2023 – La Ville de Sarcelles et son école d’art Janine Haddad avec le soutien du ministère de la Culture présentent, du 25 novembre au 10 décembre, la 21ème édition de la Biennale Internationale de la Gravure de Sarcelles. Eaux-fortes, burins, aquatintes en noir et blanc ou en couleur, ce sont plus de 450 œuvres de 250 artistes issus de 36 pays qui seront exposées pour la première fois au public français. Depuis sa création, la Biennale met un pays ou une région du monde à l’honneur. Pour cette 21ème édition, elle présente une sélection inédite de gravures d’artistes parmi les plus grands graveurs contemporains du Mexique. L’art de la gravure y est un véritable moyen d’expression et de communication, qui s’affiche sur les murs du pays et a été popularisé par l’emploi des techniques de gravure sur bois et de linogravure. Sous l’impulsion de Fernando Aceves Humana, qui fera le voyage pour l’occasion, cette 21ème Biennale sera l’occasion de découvrir les eaux fortes d’artistes abstraits, mais le plus souvent figuratifs, inspirés de représentations humaines et animales, de formes totémiques, résurgences de la civilisation du peuple Inca.

 

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Un art séculaire ancré dans la culture contemporaine mexicaine

Dès que l’on parle du Mexique, des stéréotypes nous viennent en tête : la musique, les mariachis, la téquila, les tacos ou encore le guacamole. On pense aussi aux grands artistes mexicains Diego Rivera et Frida Khalo, mais on oublie souvent Rufino Tamayo et Francisco Toledo, deux artistes qui sont à l’origine de l’essor de la gravure au Mexique.

 

A 500 km au sud-est de Mexico, Oaxaca, capitale de l’État du même nom, berceau de l’une des plus anciennes civilisations préhispaniques, les Zapotèques, est devenue le centre de la gravure. Toutes les façades des maisons et immeubles de la ville sont couvertes d’affiches réalisées en gravure sur bois. Et, à chaque coin de rue, se dresse un atelier de taille-douce ou de xylographie : une concentration étonnante et inattendue dans cette petite ville. 

 

Sous l’impulsion de Fernando Aceves Humana, artiste graveur, nombre d’artistes se sont impliqués avec beaucoup de générosité dans la diffusion de la pratique de cet art, en créant des ateliers éphémères de gravure, dans les villages pauvres de la périphérie d’Oaxaca. Ils ont aussi rendu possible la création d’un atelier de gravure dans la prison d’Oaxaca, à destination des prisonniers de longue peine.

 

 

Crédits : Enrique Flores, En la costa, litografía 60 x 40cm, 2020 – Tomás Pineda, El canto de las sirenas

 

Un jeune militant au coeur de la pratique contemporaine de la gravure

Fernando Aceves Humana est né à Mexico en 1969. Après avoir étudié de 1990 à 1994, à l’Ecole nationale des arts plastiques de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM) à Mexico, il part pour l’Italie et se spécialise dans la gravure à l’Académie des Beaux-Arts de Rome. En 2019, il cofonde l’atelier La Buena Impresión à Oaxaca, un atelier de lithographie artistique et une résidence où cohabitent artistes renommés et émergents. C’est également un centre d’enseignement où imprimeurs, artistes et enseignants de la communauté sont formés et fournissent des compétences artistiques aux jeunes issus de communautés rurales et urbaines de l’État de Oaxaca. Fernando Aceves Humana a exposé au Mexique, en Suisse, au Sénégal, en Espagne, en France, en Italie, au Vietnam et en Angleterre. Il vit, travaille et enseigne au Mexique. Avant sa participation à la 21ème Biennale Internationale de la Gravure de Sarcelles, il a accepté de répondre à certaines de nos questions.

 

Comment Oaxaca est devenu le centre de la gravure mexicaine ?

L’histoire a débuté en 1974 quand Roberto Donis, ami de Francisco Toledo, insatisfait de l’enseignement donné à l’École des Beaux-Arts où il donnait des cours, a décidé de créer pour les jeunes étudiants l’atelier Taller de Artes Plasticas Rufino Tamayo. Il a acheté des presses et monté cet atelier avec résidence pour que les jeunes gens de la montagne – qui n’avaient pas d’argent – puissent étudier les arts et particulièrement la gravure. C’était un atelier social, les étudiants dormaient sur place et, pour manger, ils faisaient du troc avec les commerçants du marché : nourriture contre gravure. Ils ont également pu profiter des enseignements de Tamayo et Toledo qui venaient y faire imprimer leurs gravures.

 

Comment a été reçu ce moyen d’expression et comment s’est-il répandu ?

Il faut partir de la presse taille-douce qui est un outil de communication. Un outil qui permet de produire des estampes ou des affiches à l’unité ou en grande quantité pour faire passer des messages politiques ou sociaux. Les artistes travaillent avec et autour de la presse, ensemble, côte à côte, et se regroupent en communautés et en associations. Les ateliers de gravure à Oaxaca ont poussé comme des champignons et on trouve partout des lieux de fabrication et d’exposition. D’ailleurs, dans toutes les maisons, même les plus simples, on trouve toujours une œuvre originale. Tous les Oaxacaniens savent reconnaître une estampe réalisée à l’aquatinte ou une épreuve xylographique. Aujourd’hui, Oaxaca est mondialement reconnue pour la diffusion de la gravure

 

Quel est le rôle de Francisco Toledo dans cette aventure ?

Cet artiste graveur réputé internationalement ne s’est pas contenté d’aider ces jeunes artistes. Il a aussi ouvert l’Instituto de Artes Graficas de Oaxaca, centre d’art dans lequel sont organisées des expositions et rencontres entre artistes internationaux. Il a également ouvert une magnifique bibliothèque qui contient de nombreux ouvrages de qualité. Ces lieux sont accessibles à tous et entièrement gratuits.

 

Crédits : Fernando Aceves Humana, Excavaci en Atzompa – A perro y mago

 

Dans les prisons de Oaxaca, la pratique de la gravure comme moyen de réinsertion

Dans la banlieue d’Oaxaca, plus précisément à Villa de Etla, Fernando Aceves Humana nous invite à visiter l’atelier de gravure Siquieros de la prison locale dans laquelle se trouve une salle transformée en atelier où trône la presse taille-douce, objet quelque peu insolite en prison.

 

Mais alors, pourquoi et comment s’est créé un atelier de gravure dans cette prison ? César Chavez, artiste graveur mexicain de Oaxaca, condamné à une peine d’emprisonnement, se retrouve dans les cellules de la prison d’Oaxaca. Désespéré de ne pouvoir écrire ou dessiner (à cette époque, les stylos ou les crayons étaient interdits), il se fixe l’idée en sortant de ces années d’emprisonnement de faire venir une presse au sein de la prison pour permettre aux détenus d’apprendre un métier et de réaliser des gravures. Homme de caractère, il réussit à convaincre les autorités de faire venir une presse taille-douce. Sur son initiative, un collectif d’artistes d’Oaxaca se crée autour de ce projet : le collectif prête une presse taille-douce puis achète une presse pour monter un atelier de gravure au service des prisonniers qui le souhaitent.

 

Depuis 6 ans, les graveurs de ce collectif donnent bénévolement des cours et animent des ateliers de gravure dans cette prison. Les prisonniers travaillent sur des projets communs, fabriquent leurs outils qu’ils n’ont pas le droit de sortir de l’atelier, réalisent des gravures qui racontent leur quotidien, l’incarcération, l’appel des détenus, la visite de la famille, etc. Réunies dans des coffrets, ces gravures sont proposées à la vente, l’argent récolté servant à acheter les fournitures nécessaires à l’activité de l’atelier : plaques, papiers, encre, etc. Autour de ces graveurs, un réseau solidaire d’artistes et d’amateurs organise des expositions pour aider financièrement leurs familles. Condamnés à de lourdes peines, ces hommes, souvent stigmatisés en sortant de prison, ont par ailleurs la possibilité, grâce à l’art, d’envisager de retrouver une place dans la société soit comme imprimeur dans un atelier de gravure.

 

Devant le succès de cette entreprise, le collectif des graveurs d’Oaxaca a également installé une presse taille-douce dans la prison des femmes Las Dos Fridas.

 

Crédits : Luis Zárate, mariposa tehuana – Ivan Bautista, ST ( Serie Oratorios)

 

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La Biennale Internationale de la Gravure de Sarcelles,

une fenêtre ouverte sur le monde de la gravure d’aujourd’hui

Le Mexique, pays invité d’honneur de la 21ème édition de la Biennale Internationale de la Gravure de Sarcelles

(D’après une œuvre de Josue Lopez, Oaxaca, Mexique, gravure sur bois, 160 cm x 120 cm)

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Depuis 1980, la Biennale internationale de la Gravure de Sarcelles est devenue un événement artistique incontournable dans le monde de l’art. En effet, cet art si particulier impose une temporalité qui interroge, par la rigueur de sa technique, le déferlement des images qui envahissent notre monde de la communication.

 

Cette manifestation présente des artistes soigneusement sélectionnés par un spécialiste de la gravure, commissaire de l’événement, l’artiste Jean-Pierre Tanguy, professeur honoraire de l’atelier gravure de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris.

 

Invités d’honneur, partenaires, candidats sélectionnés, artistes invités et étudiants d’écoles d’arts partagent cette large réunion qui permet de mesurer la variété des choix esthétiques allant de l’image la plus traditionnelle à l’assemblage le plus inattendu, de la figuration la plus descriptive à l’abstraction la plus épurée et ce, au travers d’un large panorama de techniques, qu’elles relèvent de l’impression à plat, en creux ou en relief, sans oublier, parfois, la présence de procédés photographiques ou numériques. Un dépaysement stimulant qui donne à voir l’estampe comme un moyen de communication chaleureux et universel et comme un patrimoine vivant en constant mouvement.

 

Avec plus de 450 œuvres exposées, issues de plus de 36 pays différents, la Biennale de Sarcelles se veut être une ouverture sur le monde et sur ses différentes cultures. Expression d’une ambition forte de la commune de valoriser sa réalité multiculturelle, elle souhaite aussi provoquer la surprise, la rencontre, éveiller la curiosité de ses visiteurs et en particulier, accompagner les jeunes dans un parcours d’éducation artistique conjuguant une approche des œuvres et de l’acte artistique, une initiation à l’art de la gravure et un accès à des connaissances.

 

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Informations pratiques

21èmeBIENNALE INTERNATIONALE DE LA GRAVURE DE SARCELLES
Du samedi 25 novembre au dimanche 10 décembre 2023 inclus – Entrée libre
Vernissage le samedi 25 novembre 2023 à 18 h
Village de la Gravure, École d’Art Janine Haddad, 5 route de Garges – 95200 Sarcelles

 

Accueil du public

Entrée libre du mardi au samedi de 10h à 17h30, le jeudi de 10h à 20h30 et le dimanche de 14 h à 17 h.

 

Visites-ateliers et démonstrations pour scolaires et groupes sur rendez-vous auprès de la Direction des affaires culturelles au 01 34 38 20 56

 

Visites-conférences animées par le Commissaire de la Biennale

Le jeudi 30 novembre 2023 de 19 h à 20 h 30,

Le samedi 9 décembre 2023 de 15 h 30 à 17 h.

Participation gratuite sur réservation auprès de l’École d’Art Janine Haddad.

Tél. : 01 39 90 54 17 et ecoledart@sarcelles.fr

 

Cet événement est proposé par la municipalité de Sarcelles et son école d’art Janine Haddad avec le soutien du ministère de la Culture, du ministère chargé de la ville au titre de la Politique de la ville, du Conseil départemental du Val d’Oise et de la Communauté d’agglomération Roissy Pays de France.

 

Contact presse

Clara Moreno – clara@morenoconseil.com

Léa Gonçalves –  lea@morenoconseil.com

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